samedi 31 mars 2018

31mars2018: La pleine Lune qui a tapé un grand coup là où ça fait mal, pour voir si tu résistes au choc


Je ne reconnais plus rien de ma vie et c’est déstabilisant.

Quand je me sers des céréales aujourd’hui il règne une atmosphère matinale étrange, quand je regarde les réverbère et le jour qui n’est pas encore levé, tout semble si lent. Tu sais jamais je n’aurais cru être en sécurité sur Terre, mais c’est le cas. Et rien que pour ça, j’ai envie de pleurer.

Ça n’est plus pareil aujourd’hui quand j’ai mal. Depuis longtemps en fait. En fait je ne compte plus les jours. L’imposture c’est de faire croire que je souffre encore, parfois je me prends de compassion pour la petite personne que je suis et je me dis que c’est beaucoup de boulot d’en prendre soin. Parfois je n'y arrive même pas toute seule! Mais je pense que c'est normal.

Mais voilà. J’arrive à traverser la vie différemment, par une espèce de miracle. C’est de la magie. Comment vous dire. C’est comme vivre deux états émotionnels en même temps, sauf que l’un est plus profond.

Il y a la gorge qui se serre, les abdos qui se contractent, et je vis au rythme de la lune et des précipitations météo. Il y a ce truc au fond derrière qui reste là quand même. C’est pas une émotion, tout compte fait. C’est permanent. Comment te dire. Même quand j’ai envie de mourir je vais bien.

J’ai souffert dans ma vie d’un mal de l’âme, exister en n’étant pas incarné est sûrement la pire des souffrances que j’ai connu. Et CA c’était dur. Aujourd’hui rien n’est dur, même quand je le dis. Parce que la vie est surréaliste et qu’au final nous sommes terriblement bien fichus. La douleur, au fond, est agréable quand on sait vivre.

Quelque chose ne sonne pas juste dans la recherche de la joie permanente. Comment peux-tu savourer un plat quand tu es affamé ?

Comment peux-tu réellement être en joie si tu ne sais pas vivre sans ?

C’est une imposture, la voilà, la seule imposture qui soit.

On croit qu’on n’est pas assez, qu’on a merdé, qu’on n’a pas fait assez bien, qu’on a passé trop de temps à pas être heureux, qu’on a fichu en l’air des trucs, qu’on s’est trompé, et j’en passe. Mais ça n’est qu’une imposture. Ça n’existe pas. Ça n’est pas ça, être en joie, c’est pas être souriant. Pas non plus illustré par ta réussite sociale. Ou même ce que tu as apporté au monde. Parce que tout ça ne vaut rien du tout si ce n’est dans l’œil qui regarde.

Comment te dire à quel point nous sommes des imposteurs quand on croit qu’on n’a pas le droit.

Je crois que je suis un imposteur tous les jours. J’aimerais tellement passer ce message.

Si tu sais pas être en joie ET être au bout du bout, j’aimerais te dire que c’est possible. Ben ouais chéri bienvenu au pays des vivants.

Et en fait je sais pas mais j’ai de la peine quand je constate à quel point on a peur du malheur, de la malchance, de l’épreuve, de la blessure. J’ai pas peur de ça au « fond » du « fond ». J’ai peur de ça dans mon corps, et c’est ce qui prouve que je suis un être vivant. Mais on n’est pas obligé d’en avoir peur au « fond » du « fond », ton âme, elle, est immortelle. Comment sais-tu que tu es vivant dans les épreuves si ce n’est par ta souffrance ? Comment crois-tu que ton corps est censé réagir quand tout va mal ? Pourquoi tu ne te réjouis pas du fait qu’il fonctionne bien ? Ben oui mon gars si ça va pas ton corps fait mal, et ça je trouve que c’est réjouissant.

Ben moi je trouve que pleurer quand on est triste c’est réjouissant.

Comment te dire à quel point j’ai pas eu le droit de vivre et à quel point c’est précieux le malheur ? Tu vois pas ? Quand tu souris tu profites d’un moment agréable, quand tu pleures tout à coup tout devient épreuve, et d’où te permets-tu de sélectionner ce qui est valable ?

Et les imperfections et les hontes, et les choses que tu aimerais (mentalement) changer chez toi, et toutes ces critiques que tu te fais, et les « grands principes » que tu respectes pas, où sont tes belles « valeurs » quand tu ne contrôles plus tes actes ?

Tu sais quoi ?

Dieu n’en a rien à faire des belles valeurs. Le réel est plus fort que toi, comme dirait Laurent Martinez.

Le réel c’est pas ce que les autres disent, et c’est même pas ce que tu dis toi. Le réel ça se dit pas, ça se vit, c’est pour ça que personne peut le déformer.

Tu crois que tu peux déformer le réel parce que tu choisis de voir seulement une tranche du gâteau, c’est pas pour autant que le gâteau disparaît.

Il me semblait important de rappeler tout ça en ce soir de pleine lune qui hérisse mes poils et fait bouillir mon sang. J’aime pleurer les gars. Et rire est mon épreuve. Quand je ris toute la charge traumatique remonte et je sais alors combien j’ai pris pour avoir osé rire et combien j’ai pris pour avoir osé ne pas rire. C’est mon épreuve à moi et quand je ris face caméra vous pouvez pas savoir comme ça me fait drôle. Je ris beaucoup, vous savez, en fait, je ris autant que je pleure. Mais c’est toujours l’humour qui est le plus difficile.

Et j’aime aussi ce qui est difficile.

J’aime ce qui est cadavérique et j’aime ce qui est dégoûtant.

La mort et tout ce qui fait rire nerveusement tellement c’est pas supportable.

J’aime ça, pour tout ce qui dans le réel est oublié, trié, relégué. J’aime le réel qu’on a laissé tombé. Parce qu’on l’a laissé tomber. Ça me donne l’impression d’être proche de quelque chose ici et ça me donne un ancrage incroyable.

Je vois pas le mal et le bien, je vois pas l’achevé et l’inachevé. Je vois le visible et je vois l’invisible. Et je choisis d’aimer ce qui n’est pas visible, parce que moi non plus je le suis pas.
Peut-être qu’un jour tu comprendras qu’une beauté certaine se cache dans une merde de chien ! (Uhuhu)

Comment te dire à quel point on a besoin de cet équilibre, comme pour… Vivre, en fait ! En fait il n’est pas possible de maintenir un environnement favorable à la vie sans destructions et protections !

Et d’ailleurs, tu sais… Il n’existe aucun progrès sans imperfection. Aucun mouvement sans couille dans le pâté.

(Tu penseras à moi la prochaine fois que tu verras une merde de chien, rien que pour ça j’ai envie de publier ce texte, c’est incroyable mais ça me dépasse. Mon âme rigole et mon ventre se plaint. Exister c’est vraiment une affaire de brutes !)

Bon ben y a pas de fin, c’était un partage spontané !

samedi 24 mars 2018

J'ai peur de finir ma vie parce que je veux que ça finisse bien


24.03.2018

Parfois, quand ça devient trop dur, je me couche par terre au milieu de la pièce.

Je ne cherche pas à trouver du confort, je ne cherche pas à attirer l’attention, je cherche juste le contact du sol, vite, vite, le plus vite possible.

Tu sais, je ne le fais jamais devant les autres. Mais j’en ai besoin. Le contact froid et impitoyable du sol me ramène à la réalité. La vraie.

Autrement, ma vie ressemble à un film. Un mauvais film, parce qu’il plait à beaucoup de gens. Les mêmes gens qui, après être sorti de la salle de cinéma, vont parler à des personnes qui vivent ce qu’on voit sur les écrans, et ne pas savoir quoi faire de cette réalité. C’est plus beau quand c’est pas vrai.

J’ouvre une bouteille de vin rouge et me demande si je vais devenir alcoolique un jour. Ma propension à être accro à des trucs est assez impressionnante. Mais je ne crois pas. J’aime trop regarder la vie, le film, c’est ce qui me fait tenir. Devenir accro à des trucs qui brouilleraient ma perception, est quelque chose qui casserait ce pour quoi je suis ici. Spectateur. Je suis spectateur de tout, chaque instant est passé au crible de mes expériences passées comme si j’avais mille années derrière moi. Mille années de pleine conscience et toujours pas Dalaï-Lama. Je vois tout ce qui passe devant mes yeux, et c’est pas peu de le dire. Je vois tout et je sélectionne des bouts de réalité, comme un enfant découpe du papier, pour en faire des miettes d’histoires. Que je colle ensuite les unes aux autres.

Depuis quelques temps, je dois coller les bouts d’histoire sans chercher à les arranger, et c’est très dur. Parce que ce que je vois me fait gerber. Ma vie présente est le reflet que l’on voit dans les yeux de tous, ça se répète encore et encore, je connais la musique comme si je l’avais chanté le premier. (C’est tellement, tellement pas le cas !)

Je veux découvrir ce qui se passe quand tout devient parfait mais je crois que c’est utopique. Je crois que ce que j’essaye de faire est impossible, et c’est probablement la raison pour laquelle je n’y arrive pas. Je sais que je vais y arriver et ça me dégoûte d’avance.

« Tu as tout réussi. »
« Comment ça se fait que tu puisses tout faire ? »

Z’êtes où quand j’arrive à rien ? Pourquoi vous êtes pas là quand j’arrive à rien ??? C’est quand on n’arrive à rien que naissent les miracles bon sang, y a pas de MacGyver sans catastrophe nucléaire.

Je suis fatiguée du film. C’est un mauvais film. Comme tous les mauvais films, vous pouvez pas partir sans connaître la fin. Vous savez pourquoi ? Parce que si vous partez avant la fin, vous allez devoir vous retaper tout le film, le jour où vous voudrez, à nouveau, connaître la fin !
Je suis venue ici probablement pour ça (moi le mental), et je suis restée ici probablement pour ça. Je n’ai pas pu faire face à la possibilité de ne jamais connaître la fin. Aucune fin n’est satisfaisante.


C’est ce que m’a dit mon thérapeute, qui m’a marqué. Il a dit que les personnes comme moi avaient peur de la fin et de la mort. J’ai remarqué que c’était particulièrement vrai dans les moments où il s’agissait de la mienne, de mort. Je n’ai pas peur de mourir, en fait, j’ai peur de finir ma vie.

Je veux finir ça proprement. J’ai beaucoup passé de temps à réfléchir à mon enterrement, on peut dire que c’est quelque chose qui m’obsède. Quand je vois des musiques extrêmement belles passer quelque part pas loin, je ne peux m’empêcher de les rajouter sur la liste. La liste du casting pour être la BO de mon enterrement. Je ne suis pas tout à fait décidée. Je crois que c’est important d’être bien enterré parce qu’au final, c’est tout ce que les gens retiennent, et donc la vie, et donc l’univers, et donc tout ce qui importe. Les existences séparées sont faites pour être vécues, le contenu est strictement sans importance à partir du moment où il a été apprécié sous la dent.

Même si je pense souvent que la vie est un assortiment de merdes qui se suivent, je pense aussi souvent que la vie est la chose la plus merveilleuse qui existe, et que j’aimerais qu’elle dure toujours. Vous savez, tout ça, pour moi, n’a aucune importance. Que je souffre ou que je sois en joie, j’ai vécu assez longtemps sur cette planète pour avoir compris que ça n’avait aucune espèce d’importance. Ça n’est que passager. Le mental n’a rien à faire de ça alors ce n’est jamais de ça dont on parle, avec des mots.

Les mots racontent des histoires, et je crois que le drame de ma vie est de ne jamais parvenir à écrire une histoire qui pourraient comporter une fin satisfaisante. Parce que quand arrive le moment de partir, je ne peux pas. Et donc je ne suis pas libre. Ça met mon mental en cage. Le gros piège c’est que le mental c’est ça.

Si vous saviez tous les barreaux que j’ai dû scier pour en arriver là. Je ne pouvais même pas dire un mot, avant. J’ai beaucoup de tendresse pour ceux qui ne peuvent mettre un pied dehors, et ceux qui ne savent pas lire, sans pouvoir apprendre. J’ai aussi beaucoup de tendresse pour ceux qui ne savent pas bien écrire, comme mon papi, qui font des fautes mais avec une jolie écriture. Ils apportent un soin tout particulier aux mots qu’ils utilisent mais l’orthographe n’y est pas. Elle traduit leur accent, comme celui de mon père, ou bien l’âge auquel ils ont quitté l’école, comme ma mamie.

J’ai commencé à écrire très tôt, en fait, je voulais pouvoir écrire des histoires. Je pouvais écrire et lire mes histoires toutes seules. C’est la raison qui m’a poussé à me ruer sur ces trucs. Ma mère me lisait toujours une histoire le soir, et je voulais que ça cesse. Alors, je pouvais lui dire : « Je préfère lire toute seule ! » et elle me laissait tranquille. En fait je crois qu’elle était fière de moi. J’aimais beaucoup qu’elle me lise des histoires, mais parfois j’avais juste envie qu’elle s’en aille. En fait j’ai compris assez tôt que les histoires qu’on me racontait n’avaient pas pour vocation de partager de l’amour avec moi, malgré ce qui était prétendu.

Et je crois que j’ai commencé à me sentir seule quand j’ai compris que mes histoires à moi ne seraient jamais lues non plus. Parce que j’avais fait des fautes, parce que mon écriture était bizarre. J’ai écrit une histoire de merde, sans faute, et ça a tellement plu à mes parents que ma mère en parlait à tout le monde. J’ai détesté cette histoire, je voulais seulement montrer que je n’étais pas stupide. Ma mère m’a poussé à montrer ça à la maîtresse qui a voulu que je lise ça devant toute la classe. Je crois que j’étais très gênée.

Quand est-ce qu’on montre les vrais humains ? Où est passée la sauvagerie ?

Mon histoire à moi ne prendra pas fin avec une bouteille de vin rouge, mais avec quelque chose qui fait peur aux gens civilisés. Pour cette raison, je ne peux pas mourir aujourd’hui, et je vais continuer à regarder le film.

Combien de soirs a-t-on passé, ô toi qui me lit, à contempler le vide et s’anesthésier ? Parfois quand tu regardes dans le miroir, c’est moi qui te vois. Je souhaite que ton cœur ne devienne jamais vieux. Je souhaite qu’aucune bataille n’ai raison de toi.