samedi 24 mars 2018

J'ai peur de finir ma vie parce que je veux que ça finisse bien


24.03.2018

Parfois, quand ça devient trop dur, je me couche par terre au milieu de la pièce.

Je ne cherche pas à trouver du confort, je ne cherche pas à attirer l’attention, je cherche juste le contact du sol, vite, vite, le plus vite possible.

Tu sais, je ne le fais jamais devant les autres. Mais j’en ai besoin. Le contact froid et impitoyable du sol me ramène à la réalité. La vraie.

Autrement, ma vie ressemble à un film. Un mauvais film, parce qu’il plait à beaucoup de gens. Les mêmes gens qui, après être sorti de la salle de cinéma, vont parler à des personnes qui vivent ce qu’on voit sur les écrans, et ne pas savoir quoi faire de cette réalité. C’est plus beau quand c’est pas vrai.

J’ouvre une bouteille de vin rouge et me demande si je vais devenir alcoolique un jour. Ma propension à être accro à des trucs est assez impressionnante. Mais je ne crois pas. J’aime trop regarder la vie, le film, c’est ce qui me fait tenir. Devenir accro à des trucs qui brouilleraient ma perception, est quelque chose qui casserait ce pour quoi je suis ici. Spectateur. Je suis spectateur de tout, chaque instant est passé au crible de mes expériences passées comme si j’avais mille années derrière moi. Mille années de pleine conscience et toujours pas Dalaï-Lama. Je vois tout ce qui passe devant mes yeux, et c’est pas peu de le dire. Je vois tout et je sélectionne des bouts de réalité, comme un enfant découpe du papier, pour en faire des miettes d’histoires. Que je colle ensuite les unes aux autres.

Depuis quelques temps, je dois coller les bouts d’histoire sans chercher à les arranger, et c’est très dur. Parce que ce que je vois me fait gerber. Ma vie présente est le reflet que l’on voit dans les yeux de tous, ça se répète encore et encore, je connais la musique comme si je l’avais chanté le premier. (C’est tellement, tellement pas le cas !)

Je veux découvrir ce qui se passe quand tout devient parfait mais je crois que c’est utopique. Je crois que ce que j’essaye de faire est impossible, et c’est probablement la raison pour laquelle je n’y arrive pas. Je sais que je vais y arriver et ça me dégoûte d’avance.

« Tu as tout réussi. »
« Comment ça se fait que tu puisses tout faire ? »

Z’êtes où quand j’arrive à rien ? Pourquoi vous êtes pas là quand j’arrive à rien ??? C’est quand on n’arrive à rien que naissent les miracles bon sang, y a pas de MacGyver sans catastrophe nucléaire.

Je suis fatiguée du film. C’est un mauvais film. Comme tous les mauvais films, vous pouvez pas partir sans connaître la fin. Vous savez pourquoi ? Parce que si vous partez avant la fin, vous allez devoir vous retaper tout le film, le jour où vous voudrez, à nouveau, connaître la fin !
Je suis venue ici probablement pour ça (moi le mental), et je suis restée ici probablement pour ça. Je n’ai pas pu faire face à la possibilité de ne jamais connaître la fin. Aucune fin n’est satisfaisante.


C’est ce que m’a dit mon thérapeute, qui m’a marqué. Il a dit que les personnes comme moi avaient peur de la fin et de la mort. J’ai remarqué que c’était particulièrement vrai dans les moments où il s’agissait de la mienne, de mort. Je n’ai pas peur de mourir, en fait, j’ai peur de finir ma vie.

Je veux finir ça proprement. J’ai beaucoup passé de temps à réfléchir à mon enterrement, on peut dire que c’est quelque chose qui m’obsède. Quand je vois des musiques extrêmement belles passer quelque part pas loin, je ne peux m’empêcher de les rajouter sur la liste. La liste du casting pour être la BO de mon enterrement. Je ne suis pas tout à fait décidée. Je crois que c’est important d’être bien enterré parce qu’au final, c’est tout ce que les gens retiennent, et donc la vie, et donc l’univers, et donc tout ce qui importe. Les existences séparées sont faites pour être vécues, le contenu est strictement sans importance à partir du moment où il a été apprécié sous la dent.

Même si je pense souvent que la vie est un assortiment de merdes qui se suivent, je pense aussi souvent que la vie est la chose la plus merveilleuse qui existe, et que j’aimerais qu’elle dure toujours. Vous savez, tout ça, pour moi, n’a aucune importance. Que je souffre ou que je sois en joie, j’ai vécu assez longtemps sur cette planète pour avoir compris que ça n’avait aucune espèce d’importance. Ça n’est que passager. Le mental n’a rien à faire de ça alors ce n’est jamais de ça dont on parle, avec des mots.

Les mots racontent des histoires, et je crois que le drame de ma vie est de ne jamais parvenir à écrire une histoire qui pourraient comporter une fin satisfaisante. Parce que quand arrive le moment de partir, je ne peux pas. Et donc je ne suis pas libre. Ça met mon mental en cage. Le gros piège c’est que le mental c’est ça.

Si vous saviez tous les barreaux que j’ai dû scier pour en arriver là. Je ne pouvais même pas dire un mot, avant. J’ai beaucoup de tendresse pour ceux qui ne peuvent mettre un pied dehors, et ceux qui ne savent pas lire, sans pouvoir apprendre. J’ai aussi beaucoup de tendresse pour ceux qui ne savent pas bien écrire, comme mon papi, qui font des fautes mais avec une jolie écriture. Ils apportent un soin tout particulier aux mots qu’ils utilisent mais l’orthographe n’y est pas. Elle traduit leur accent, comme celui de mon père, ou bien l’âge auquel ils ont quitté l’école, comme ma mamie.

J’ai commencé à écrire très tôt, en fait, je voulais pouvoir écrire des histoires. Je pouvais écrire et lire mes histoires toutes seules. C’est la raison qui m’a poussé à me ruer sur ces trucs. Ma mère me lisait toujours une histoire le soir, et je voulais que ça cesse. Alors, je pouvais lui dire : « Je préfère lire toute seule ! » et elle me laissait tranquille. En fait je crois qu’elle était fière de moi. J’aimais beaucoup qu’elle me lise des histoires, mais parfois j’avais juste envie qu’elle s’en aille. En fait j’ai compris assez tôt que les histoires qu’on me racontait n’avaient pas pour vocation de partager de l’amour avec moi, malgré ce qui était prétendu.

Et je crois que j’ai commencé à me sentir seule quand j’ai compris que mes histoires à moi ne seraient jamais lues non plus. Parce que j’avais fait des fautes, parce que mon écriture était bizarre. J’ai écrit une histoire de merde, sans faute, et ça a tellement plu à mes parents que ma mère en parlait à tout le monde. J’ai détesté cette histoire, je voulais seulement montrer que je n’étais pas stupide. Ma mère m’a poussé à montrer ça à la maîtresse qui a voulu que je lise ça devant toute la classe. Je crois que j’étais très gênée.

Quand est-ce qu’on montre les vrais humains ? Où est passée la sauvagerie ?

Mon histoire à moi ne prendra pas fin avec une bouteille de vin rouge, mais avec quelque chose qui fait peur aux gens civilisés. Pour cette raison, je ne peux pas mourir aujourd’hui, et je vais continuer à regarder le film.

Combien de soirs a-t-on passé, ô toi qui me lit, à contempler le vide et s’anesthésier ? Parfois quand tu regardes dans le miroir, c’est moi qui te vois. Je souhaite que ton cœur ne devienne jamais vieux. Je souhaite qu’aucune bataille n’ai raison de toi.

4 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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  2. Bonjour A Toi ! ;-) Bravo , Car se coucher par terre , est purement un RETOUR A LA SOURCE , (Les Inouits Fond celas par "Instinct") C"est Comme Une Prière A La Conscience "Univercelle" Et Elle T'Entend Soit En Convainque Dans Ton Coeur "D'enfant" Et L'essance De Ton AME "Ta Sygnature Génétique , !;-) Aller Porte Toi Bien " Ptite Soeur" ;-)

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