vendredi 3 février 2017

Les rituels, et pourquoi ils fonctionnent (ou pas)

La question à 10 000 dollars : « Les rituels, ça fonctionne vraiment ? ».
En effet cela semble assez tiré par les cheveux, et il n’est pas illogique de penser à première vue que tout ça n’est que pure foutaises. Mais voyons un peu de quoi il s’agit.

Un rituel est un acte répété dans le but d’aboutir à un résultat ou à un état précis. 
Quand vous prenez votre douche, c’est un rituel. 
Quand papi fait une croix au dos de la miche de pain, c’est un rituel. 
Quand vous répétez votre texte dans votre tête avant de monter sur scène jouer une pièce de théâtre, c’est un rituel. 
Bref, des rituels il y en a partout et pour tout. 
Mais ne faisons pas de langue de bois: ici, nous parlons bien de rituels magiques.

Dans toutes les religions existent des pratiques de ce genre, mais je me concentrerais uniquement sur les rituels wiccans ou païens dans cet article.

Sortez vos baguettes, on a du pain sur la planche!
(Oh non, me dites pas que j'ai vraiment fait cette blague...)
Un rituel se déroule généralement comme ceci :
  1. Tracer un cercle de protection
  2. Appeler les divinités ou entités susceptibles de nous aider
  3. Énoncer clairement l’objet du rituel et notre demande (si demande il y a)
  4. Remercier les divinités ou entités en présence
  5. Briser le cercle
  6. Lâcher prise
Chaque personne adaptant sa pratique à ses propres besoins et croyances, il peut y avoir des variantes, mais grosso modo, cela se déroule toujours ainsi. Le lâcher prise fait partie intégrante de la procédure, mais j’y reviendrais plus tard.

Voyons plutôt tout ce qui peut favoriser la réussite d’un rituel, et tout ce qui pourrait le rendre inutile.

Voilà. Un rituel, c'est ça.
Pourquoi ça marche ?

Pour comprendre cela, il faut s’intéresser à ce que nous faisons réellement lors de notre pratique. Un rituel n’est pas fait de façon distraite ni même hésitante. Le pratiquant est entièrement absorbé par ce qu’il est en train de faire, et la plupart du temps, il sait déjà à l’avance comment cela va se dérouler. Il y a une certaine préparation, notamment par rapport à ce que l’on va dire, ou chanter, au matériel utilisé, etc. De sorte que, au moment où la personne commencera son rituel, elle rentrera dans un état de concentration intense. Elle fera corps avec le moment. C’est très important, parce que c’est la façon la plus accessible de mettre son égo de côté pour un temps, ce qui permet à notre part divine de s’exprimer. C’est cette part de nous qui, lorsqu’elle nous traverse, nous guérit de nos mal-être et nous fait agir avec un maximum de justesse et d’intelligence. Le simple fait de se retrouver dans cet état est une pratique en soi, et peut justifier la majorité des résultats positifs que l’on obtient. Les pensées qui nous viendront, l’état d’esprit dans lequel nous nous trouverons, nous permettront de faire face à la situation d’une manière toute neuve et très positive. Cela ressurgira à chaque fois que nous serons par la suite confrontés à l’objet de notre demande.

Non, pas comme ça.
C'est pas cet état qu'on recherche.
Supposons que l’objet de notre rituel soit d’apaiser des tensions entre nous et une autre personne.
Il y a plusieurs façons de procéder. (Je ne les approuve pas toutes, mais elles sont toutes susceptibles de fonctionner.)
La première façon, c’est de focaliser notre énergie sur la personne avec qui il y a des tensions, afin de la faire changer son point de vue. Nous verrons dans un autre article s’il est possible ou non d’influencer  sur une telle chose via la magie. Mais sans même parler de ça. Les énergies avec qui nous rentreront en lien vont forcément avoir un impact sur nous, et donc sur ce que nous allons dégager la prochaine fois que nous parlerons avec la personne. Et ce, même s’il ne s’agit que de quelque chose qui s’est niché dans notre inconscient. Surtout si ça s’est niché dans notre inconscient, en fait, puisque cela va modifier notre langage corporel, et le ton que nous emploierons, d’une manière qui semblera tout à fait naturelle.
Le fait d’avoir eu une divinité ou une entité s’étant penchée sur l’affaire, nous aura, de toute façon, redonné confiance. Auparavant il y avait une perte de notre pouvoir personnel, nous ne savions plus que faire de cette situation désagréable, nous en étions victime. Le simple fait de reprendre son pouvoir sur soi peut permettre de relativiser. De ne plus voir l’autre personne comme un ennemi, par exemple, ou de diminuer l’emprise que cette personne pouvait avoir sur nous.

La deuxième façon, c’est de focaliser notre énergie sur nous-même, afin d’être capable d’embrasser totalement la situation, et la personne en face. C’est à peu près la même histoire que précédemment, sauf que dans ce cas de figure, ce sont nos propres pensées et émotions qui seront momentanément sous l’emprise d’un charme, pour permettre de débloquer une situation nouée. Quand il s’agit de relations humaines, il est bien connu que le calme, l’écoute et la bienveillance, dénouent bien plus rapidement les conflits que violence, frustration et colère. Seulement quand vous ne pouvez pas vous empêcher de vous emporter dès que vous pensez à la personne, c’est tout de suite plus compliqué de parler avec elle de façon civilisée.
Vous pouvez aussi aller droit au but, et utiliser le rituel pour vous aider à enlever le blocage psychologique qui vous empêchait d’être serein face à ce que faisait ressortir la personne en vous. C’est bien plus durable et, à bien des égards, bien plus bénéfique, seulement ce n’est pas toujours possible d’opérer de tels changements sans aide extérieure (thérapeute ou autre).

Ces deux façons sont accessibles même pour quelqu’un n’ayant pas l’habitude de pratiquer.
Selon là où vous en êtes dans votre chemin, vous n’aurez pas les mêmes croyances limitantes vis-à-vis des rituels ou des choses ésotériques de manière générale.

Admettons qu’à force de pratique, vous avez constaté que des forces mystérieuses étaient bel et bien à l’œuvre, et vous vous efforcez d’apprendre à les connaître. Tant et si bien que ces forces deviennent de moins en moins mystérieuses pour vous (certains aiment garder des parts de mystère, mais c’est une autre histoire). Vous les côtoyez plus ou moins souvent, une proximité se crée. C’est là que vous pouvez commencer à « bosser ensemble ».
Salagadou, la magicabou, la bobidi bobidibou...

En wicca ou dans les autres paganismes, ce lien avec les entités n’est pas toujours possible (elles n’en ont pas toutes envie !), et il apparaît que chacune a sa manière de fonctionner bien à elle.

Néanmoins, à partir de ce moment, vous avez déjà acquis quelques certitudes à leur sujet. Vous rencontrez moins de limitations intérieures, ce qui vous permet de faire des rituels quelques peu différents, pour aborder un panel de situations plus vaste.



Il est primordial de pouvoir croire en ce que vous faites.

Ce qui m’amène au deuxième point.

Pourquoi ça ne marche pas ?

Eh bien, justement, si vous ne croyez pas en ce que vous faites, si votre rituel est trop élaboré et ne fait pas sens pour vous, si faire appel à des divinités ou à des forces mystérieuses vous semble encore un peu hasardeux, cela ne fonctionnera pas. Il n’y a rien de mal à ça. Et même avec la meilleure volonté du monde, on ne peut pas croire en tout et n’importe quoi –et heureusement !
Alors comme ça on fait semblant de croire en Lucifer?

N’essayez pas de vous mettre la tête dans le sable, juste le temps d’un rituel, en essayant de vous convaincre que, si, au fond de vous vous avez toujours vénéré Hecate, Cernunnos et les autres. Vous ne leurrerez personne ! Pas même vous. Trouvez votre propre voie, n’essayez pas de vous polir les angles pour rentrer dans des systèmes de croyances toutes faites si vous sentez que ça ne sonne pas tout à fait vrai pour vous. Je ne vous apprends rien si je vous dis que les personnes qui pratiquent des rituels ne sont pas de drôles d’hurluberlu illuminés qui croient en tout. Nous sommes tous des êtres humains, et tout le monde a besoin de faire pipi, pratiquant ou pas. Ce que je veux dire par là c’est que les personnes qui pratiquent sont des personnes comme tout le monde, et vous n’avez pas à considérer que parce qu’untel fait comme ça, alors c’est absolument comme ça qu’il faut que vous fassiez.

Quel ton moraliste, mes aïeux. J’en suis désolée. J’ai essayé de rendre ce paragraphe un peu moins criant, mais que voulez-vous, ce sujet me fait automatiquement remonter des émotions. Bref.

Il existe autant de styles de pratique que de pratiquants. Il est important de préciser qu’on ne choisit pas vraiment son style de pratique. Il sera en fonction de nos expériences passées, de ce qui nous touche et de ce qui ne nous touche pas, de nos blocages, etc. Le style de pratique qui sera le nôtre sera celui vers lequel on se sera senti appelé. Celui qui nous « parle » le plus. Un rituel fonctionne quand il vous correspond, dans le sens où il est en accord avec qui vous êtes, et qu’il vous plait réellement, que vous vous sentez bien avec. Ne cherchez pas à psalmodier des noms si cela vous met mal à l’aise, ou à danser autours du feu si vous trouvez cela ridicule, cela n’a aucun sens. Il vaut mieux faire dans la sobriété, si c’est ça qui est réellement en accord avec vous.

D’ailleurs, un rituel peut s’adapter à l’infini. Vous pouvez faire appel au dieu chrétien, ou tout simplement à l’univers,  à la nature ou à tout ce que vous voulez. La condition sine qua non pour que ça marche, c’est de faire appel à des forces dont vous reconnaissez l’existence, à des forces qui sont capables de fonctionner sans vous, d’après leur propre logique interne, en lesquelles vous avez confiance quand il s’agit de mener vos intentions à bon port.

La gravité de la situation
Toute la magie d’un rituel fonctionne quand les choses sont aussi claires pour vous que ça :
Vous croyez en la gravité. Si vous allez en haut d’un immeuble, que vous prenez un caillou, et que vous le lâchez, il va se retrouver en bas de l’immeuble. Vous n’avez pas eu besoin d’aller en bas de l’immeuble pour y poser la pierre, car la gravité l’a fait pour vous. Mais vous aviez complètement confiance dans le fait qu’elle le ferait, parce que vous croyez totalement en l’existence de la gravité, et vous avez appris à la connaître, à savoir comment elle fonctionne.

Ne pas croire totalement en l’existence des forces auxquelles vous vous référez, c’est comme prendre le caillou dans votre main, le tenir au-dessus du vide, et garder vos doigts fermement pressés autour de lui. Ça ne sert à rien, jamais votre caillou n’arrivera à bon port.


Du coup, pour rester cohérente, je tiens à préciser que si vous faites appel à des divinités en lesquelles vous ne croyez pas, vous ne risquez absolument rien. Vous ne serez pas punis, vous ne serez pas maudit. En fait il ne se passera juste… Rien. S’il venait à vous arriver malheur ensuite, n’allez pas en attribuer la faute à un rituel raté. Un rituel raté est juste un rituel qui n’aboutit à aucun résultat.

De la même façon, je ne crois pas au choc de triple-retour (oooh, j’en entends certains crier au scandale !). Tout simplement parce que la force de ce que l’on appelle « magie » réside dans là où nous allons placer notre croyance. J’ai pu observer de nombreuses fois qu’à partir du moment où on cessait de croire en une chose, elle cessait tout bonnement d’exister pour nous. On tient là un point absolument crucial et central de la magie, mais aussi de la spiritualité, et je vous le balance comme ça au beau milieu d’un paragraphe.
Cette histoire de croyances est selon moi la base de tout. Et quand je dis « tout », c’est « tout ». La vie, l’univers, et le reste. C’est notre 42 (j’offre un crumble aux pommes à ceux ou celles qui reconnaîtront la référence). Chacun se fera sa propre idée de tout ça. Mais revenons-en à nos moutons cosmiques.
Une raison très répandue qui peut expliquer qu’un rituel ne fonctionne pas est qu’on n’a pas lâché prise à la fin.

Le lâcher prise

Quand vous faites un rituel, la confiance que vous mettez dedans est indispensable. Ne pas lâcher prise sur la situation reflète simplement un manque de confiance. Si, à la fin, vous n’êtes pas convaincus que la situation est résolue, c’est que vous doutez de vos capacités ou de celles des forces auxquelles vous avez fait appel. Cela atténue considérablement la force de votre rituel et peut carrément l’annuler. A ne pas négliger, donc.

Marraine la bonne fée fait ce qu'elle peut, à un moment...
De plus, repenser encore et encore à votre demande peut la modifier. Si vous aviez demandé à votre divinité une bonne salade composée, mais qu’une heure après vous en êtes encore à vous demander si vous avez bien fait de commander des tomates au lieu du maïs, votre intention ne sera plus claire, ni pour vous, ni pour la divinité qui est en train de faire votre salade. Bref elle ne saura plus ce que vous voulez, et ne pourra pas vous donner de salade, ou bien elle aura jeté l’éponge et aura mis des olives. Ce n’est pas dramatique, mais c’est dommage si vous êtes allergiques aux olives, car vous ne serez pas en mesure de recevoir le cadeau qui vous aura été offert. Ma métaphore est vaseuse mais je crois que le principe est clair pour tout le monde, ha ha ha.

Cela ne veut pas dire que vous n’avez absolument plus le droit d’y penser (ne pensez pas à un éléphant rose…). En fait vous avez le droit de faire ce que vous voulez, et d’ailleurs, si vous avez envie d’annuler les effets d’un rituel, c’est une bonne façon de faire.
Non, simplement, efforcez-vous de vous occuper au maximum l’esprit avec autre chose. Faites des activités pour vous ancrer, par exemple (avis aux pratiquants, vous n’êtes pas sans savoir qu’on est dans un drôle d’état éthéré après un rituel). Perso, après un rituel, je mange, et je regarde une vidéo ou un épisode d’une série, un film... Ensuite, je fais des trucs qui ont avoir avec tout sauf de la magie. Au moins jusqu’au lendemain (oui, on fait rarement des rituels à la chaîne…).

Il y a une autre façon de voir la pratique de rituels.
Quand on ne se sent pas bien, que les choses ne vont pas pour nous, le bon sens nous dit de prendre soin de nous afin d’aller mieux. Cela peut se faire de mille et une manières différentes. Pour moi, faire un rituel (sauf pour les sabbats et autres célébrations) est une façon de me faire aller mieux. Pas forcément en demandant à je ne sais quelle divinité de m’aider, d’ailleurs. Pratiquer est quelque chose que j’aime faire, quand je pratique je me sens à l’aise, en accord avec moi-même. Je me sens reprendre possession de mes moyens, peu importe l’objet du rituel en question. Ça m’apaise, ça me rebooste.

"J'ai laissé derrière moi une pantoufle de verre et une
carte de visite. Juste au cas où le prince est vraiment idiot."

La magie ancestrale du pragmatisme. Très puissante.
Bien entendu, ça ne suffit pas toujours. Vu sous cet angle, pratiquer un rituel est comme faire une partie de tennis avec un ami : certes, ça vous aide à vous sentir mieux, mais si votre problème de base venait d’un blocage intérieur ou d’un loyer impayé, tôt ou tard vous allez devoir régler la situation. Votre rituel peut vous donner un coup de pouce cosmique, certes, mais ne fera pas tout le boulot à votre place. Idéalement, il vaut mieux tout tenter par les moyens conventionnels AVANT d’utiliser la magie, et ne pas vous reposer sur elle pour le résultat final (ça fait aussi partie de ce fameux lâcher prise post-rituel dont je parlais). Je ne sous-entends pas que toutes nos pratiques sont du flan, simplement qu’avec un rituel, nous nous en remettons à une force extérieure à nous (du moins, du point de vue de l’égo, c’est ça). Ce qui signifie que nous admettons n’avoir aucun pouvoir sur la situation. Il me semble donc logique de faire en premier lieu tout ce qui était en notre pouvoir, sinon nous pourrions développer une dépendance à ces pratiques, et en venir à considérer que sans elles, nous n’arrivons à rien.

Il n’y a pas de notion de bien et de mal là-dedans, ou d’éthique, je vous laisse le soin de savoir ce qui est le mieux pour vous et ce en quoi vous croyez ou non.


Je n’ai absolument pas parlé des rituels que l’on fait durant les sabbats. Cela sera le sujet d’un prochain article !

D’ici là, j’ai hâte d’entendre vos déboires magiques et vos belles réussites ! N’hésitez pas à me poser des questions, ou à me dire si vous voulez que je parle de telles ou telles choses dans un article. N’hésitez pas non plus à vous manifester si vous n’êtes pas d’accord avec ce que je dis, ce sera l’occasion d’en discuter et, possiblement, d’apprendre de vous.




Vos expériences m’intéressent !


1 commentaire:

Un blog sans commentaires, c'est comme une maison sans chat.